UNE SOURCE INÉPUISABLE DE FORCE — L’histoire de Rocky Robillard
La collection des Ailes de l’époque du Canada dédie chacun de ses avions à un aviateur canadien, célèbre ou non, dont la vie est inextricablement liée à l’exemplaire du type d’avion qui porte son panneau de dédicace. Un avion en particulier, notre North American Mustang IV (P-51D) est en fait dédié à deux hommes : un célèbre et un autre tout aussi courageux, mais moins connu.
Les frères Robillard, Larry et Rocky, sont nés et ont grandi à Ottawa, à quelques kilomètres seulement du hangar des Ailes d’époque du Canada, à Gatineau, au Québec. Une grande partie de leur quartier d’origine, les plaines Lebreton, était considérée comme une nuisance par les urbanistes fédéraux prétentieux. Au début des années 1960, ces plaines ont été rasées pour faire place au développement urbain futur. Cependant, la partie du quartier tumultueux et désordonné où les frères ont grandi existe toujours aujourd’hui, tout comme leur maison d’origine sur la rue Elm et leur maison suivante tout près sur la rue Booth.
C’est le frère cadet de Larry, Roger ou « Rocky », qui a été le plus longtemps membre du 442e Escadron et qui a piloté des Mustangs lors de ses missions en Europe. En fait, Rocky a piloté le Mustang de l’ARC portant le numéro de série KH661 (le Mustang des Ailes d’époque) à de nombreuses reprises alors qu’il repoussait les Allemands inlassablement vers Berlin à la fin de la guerre. Rocky a partagé la destruction d’un avion ennemi avec un autre pilote du 442e Escadron. Tout comme Arnold Roseland, un autre pilote du 442e Escadron à qui nous aussi avons rendu hommage (voir le texte au sujet du Roseland Spitfire), Rocky alors âgé seulement de 19 ans, a également piloté des Kittyhawks dans les Aléoutiennes et sur la côte ouest. Il a été transféré en Grande-Bretagne vers la fin de 1943 pour former le nouvel escadron 442.
En effectuant des recherches sur les vies de Larry et Rocky, il s’avère que l’ainé, Laurent ou « Larry » Robillard, un as de la Seconde Guerre mondiale et commandant d’escadron, profite d’un profil plus prononcé sur le Web. Son histoire a été bien documentée en anecdotes et images. Pour Rocky Robillard, l’historique et les photographies se font beaucoup plus rares. Il faut noter que Rocky a rejoint le théâtre européen de la guerre dans les dernières années du conflit. Au lendemain du jour J, il pilotera en France, en Belgique, en Hollande et en Allemagne des Spitfires et des Mustangs IV avec le 442e Escadron. De cette époque nous n’avons pu trouver que quelques piètres images de Rocky sur le Web, et celles-ci étaient floues et découpées à partir de photos de groupe de l’escadron. Quoi qu’il en soit, l’homme que les camarades de l’escadron appelaient « Rock » ou « Rocky », tout compte fait, demeure insaisissable et énigmatique pour nous.
Cependant, tout récemment, grâce à l’un de nos abonnés et à un camarade de classe de Rocky de l’École de pilotage militaire no 2, Fred Mahler, de Waterloo, en Ontario, son visage et une partie de son histoire ont émergé des nuits des temps et nous en avons pris possession. Après avoir vu des images du Mustang des frères Robillard à la tête d’une formation de jets de l’ARC à Cold Lake cet été, Fred a communiqué avec nous. Par la suite, il nous a envoyé deux photos très simples, mais émotives de Rocky Robillard, le frère cadet dont on ne connaissait peu. Pour nous, chez les Ailes d’époque, c’était le gros lot. Non seulement nous avions une photo, mais nous avions aussi une image qui évoquait la personnalité de Rocky.
Fred se souvient peu de Rocky après presque 70 ans. En réfléchissant, il déclare : « Cela semble bien loin maintenant. Je me souviens quand il était sous la verrière obstruée [.pour l’entrainement au vol par instruments] et que j’étais dans le poste de pilotage avant pour surveiller les autres avions pendant l’entrainement. Nous étions amis, mais il y en avait bien d’autres aussi ». Il poursuit : « Désolé, je ne me souviens pas beaucoup plus de Rocky, mais je me souviens que nous avons partagé une bière ou deux ensembles. Par après, je suis allé à l’unité d’instruction opérationnel à Bagotville, au Québec, pour piloter des Hurricanes. De son côté, je crois que Rock est allé dans l’Ouest ». Fred avait bien raison, Rocky Robillard s’est rendu sur la côte ouest où il a rejoint un escadron de l’ARC muni de P-40. Il a été envoyé dans les Aléoutiennes avant de se rendre en Europe pour piloter des Spitfires et enfin des Mustangs.
Bien qu’il ne se souvienne que vaguement de Rocky ou « Rock » Robillard, nous sommes reconnaissants à l’égard de Fred qui nous a envoyé ces deux images et qui nous a fait part des souvenirs qu’il en garde. Cela nous aide à nous rapprocher d’un homme que nous admirons, mais que nous connaissons peu. Si vous avez des images de l’un ou l’autre des frères Robillard, nous serions ravis de les voir également.
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Immédiatement après avoir publié cet article, Bob Candy, un ancien pilote de l’ARC m’a raconté une belle histoire sur Rocky, qui en dit long sur le caractère de l’homme que nous essayons de connaître et je lui ai donc demandé la permission de l’inclure ici.
Bonjour Dave,
J’ai lu ton article sur les frères Robillard avec grand intérêt. En fait je lis tous vos articles avec grand intérêt, mais celui-ci était spécial, car je connaissais Rocky Robillard. Il y a de nombreuses années, lorsque la terre était verte et que j’étais un pilote tout beau et tout frais, j’ai été cloué au sol pour vol à basse altitude pendant mon entrainement de vol à la Station de l’ARC Centralia. Je pensais que c’était fini pour moi et que mon entrainement serait terminé, mais l’instructeur de vol en chef a préféré me punir en me faisant reculer d’un cours et en m’envoyant purger les deux mois de purgatoire dans la section de simulateur de vol Link.
Le lieutenant d’aviation Robillard était le commandant de cette section et il m’a placé sous les ordres de son caporal. Le caporal était un vieux de la vieille et avait un mépris typique des vieux pour les élèves pilotes. En bref, il me faisait vivre une vie d’enfer, en me faisant frotter les planchers, nettoyer les toilettes, etc. J’ai réalisé que si je restais sous les ordres du caporal pendant les deux mois complets, je ne tiendrais pas le coup, donc j’ai décidé de mettre mon âme à nu devant le lieutenant d’aviation Robillard. Je pense qu’il a dû sentir ma détresse, car, par la suite, il m’a utilisé comme instructeur sur le simulateur Link pour la durée de ma peine. S’il n’avait pas fait cela, il est certain que je n’aurais pas obtenu mon brevet.
La légende de l’une des photos décrit Rocky comme affichant sur son visage « une certaine confiance, de la gentillesse, de la sincérité et de la bonne humeur ». C’était il y a longtemps, mais ces mots décrivent le Rocky Robillard pour lequel j’ai travaillé pendant ma pénitence à la Section du simulateur Link à Centralia, il y a 61 ans. Je n’ai plus jamais revu Rocky, mais je me souviendrai toujours de lui et je lui serai reconnaissant de m’avoir épargné du chômage en tant qu’élève pilote licencié de l’ARC.
Meilleures salutations,
Bob Candy
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Une autre lettre, celle-ci de Robert « Kirk » Kirkpatrick
Chers Ailes d’époque
Je tiens à faire part de quelques mots de reconnaissance aux gens des Ailes d’époque. J’apprécie vos fréquents courriels et vos histoires. En particulier cette édition de Source inépuisable d’énergie.
J’ai reçu mon brevet de pilote en juin 1943 à Uplands, dans le 1er escadron. Robert Kirkpatrick, J27206. Je ne me souviens plus quand, mais pendant que j’étais dans l’ARC, probablement pendant mon séjour à Uplands, j’ai entendu parler d’une manœuvre d’évitement pour les chasseurs qui s’appelait « Le tonneau Robillard ». Sachez que ce qui suit vous provient d’une personne âgée de plus de 90 ans, confinée à la maison et dont la mémoire est souvent mise en doute. Cependant, il semble que « Le tonneau Robillard » consistait en une feinte d’inclinaison verticale vers la gauche, suivie d’un coup de manche vers l’avant, comme un « bunt », [AL1] [CB2] suivie d’un tonneau vers la droite, puis d’un retour à une inclinaison verticale vers la gauche. Apparemment, cette manœuvre pouvait aboutir à ce que le poursuivi devienne le poursuivant. Quelqu’un en a-t-il entendu parler ou l’a-t-il pratiqué ? Quoi qu’il en soit, merci à la Collection des Ailes d’époque, continuez à envoyer vos courriels.
Kirk
Si quelqu’un peut répondre à la question de Kirk, communiquez avec nous.
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Andy Thomas nous a écrit et envoyé quelques images supplémentaires de Rocky Robillard.
Dave,
Merci de m’avoir montré cet article sur Rocky R. Il y a de nombreuses années, on m’a envoyé des négatifs prises à Digby (non loin de l’endroit où j’écris ces lignes !) des Mustangs du 442, y compris les appareils qu’il a pilotés lors du combat où il partageait un 190 avec le lieutenant d’aviation Les Wilson. J’ai écrit un court article basé sur les notes que j’ai rassemblées pour mon livre sur les Mustangs de la RAF il y a quelques années. Vous les trouverez ci-joints pour votre intérêt. N’hésitez pas à l’utiliser si vous le souhaitez.
Pourrait-il y avoir une chance d’obtenir une copie haute résolution de la photo de groupe ainsi que peut-être la belle photo de lui assis dans la neige afin que je puisse faire des impressions pour mon dossier ? Je peux numériser les photos de l’appareil aussi — ils sont venus de A J Mallandaine et je soupçonne que vous pouvez bien les avoir vus.
Meilleures salutations, Andy Thomas