MAGEE – Un jeune héros et poète légendaire

Photoreportage de la vie et l’époque de John Gillespie Magee Jr. Le poète renommé du sonnet « Haut vol », signé Linda Granfield avec Dave O’Malley

Le 18 août 2016, soit 75 ans jour pour jour après qu’un adolescent, le sous-lieutenant d’aviation John Gillespie Magee Jr., aux commandes de son Supermarine Spitfire Mk I a décollé de l’aérodrome Llandow de la RAF, au Pays de Galles, et a grimpé vers le soleil dans un ciel « inondé de lumière » et un horizon embrasé ». Son réservoir était autant plein d’essence que son cœur plein de joie. Le bilan des deux heures qui suivirent : plusieurs centaines de gallons de carburant de Sa Majesté à indice d’octane 100 consommées et l’inspiration viscérale pour la plus belle expression sur l’exaltation et la spiritualité du vol du monde littéraire. Il s’agit du poème que nous connaissons tous sous le nom de « Haut vol »-« High Flight ».

Par le temps que le jeune Magee ait détaché ses sangles, descendu de l’avion et été débreffé, il avait déjà à l’esprit les vers principaux de son poème emblématique. Tragiquement, il est mort quelques mois plus tard lors de son quatre-vingtième vol en Spitfire. Il n’a pas vécu pour voir l’ère des avions à réaction, l’universalité du transport aérien ou les hommes foulant la surface de la lune. Il n’a pas vécu pour voir ses mots gravés dans la pierre sur tous les continents ou pour entendre ses mots prononcés par des présidents, des astronautes et des pilotes de tout acabit. Il n’a pas vécu pour connaître le réconfort que ses mots apporteraient aux familles endeuillées ou la gloire qu’ils ont apportée aux aviateurs de sa propre guerre tombés au combat. Il n’a pas vécu pour voir l’influence importante que ses mots auraient sur ses frères et sœurs aviateurs. Il a cependant vécu assez longtemps pour verser 114 mots de son cœur et les composer pour livrer une description parfaite et obsédante d’un brin d’ADN des aviateurs. Dans ces mots et ces lignes se trouve le code génétique émotionnel et inspirant qui révèle l’aviateur, qui explique la passion que nous avons pour le vol, qui nous inspire à grimper vers le soleil.

Ses mots ne sont pas ceux de l’aviation moderne, du GPS, de l’avionique, du contrôle du trafic aérien, du lancement autoguidé. Ce sont les mots qui décrivent avant tout le vol humain; des ailes, des nuages et des trois dimensions. Du vol à son plus naturel avant que les contrôles externes, la technologie et la réglementation ne viennent gâcher la joie. Ses mots décrivent l’aviateur de la Première Guerre mondiale, de la voltige effrénée, de sa propre guerre et des aviateurs d’aujourd’hui qui ressentent toujours ce brin fondamental d’ADN qui exécute des tonneaux et qui cisaille au plus profond de leur corps — un brin qui trace une ligne imaginaire entre leur cœur exhalté et leur esprit poétique. Un brin qui se manifeste comme un picotement remontant le long de la colonne vertébrale.

Bien que John Magee pilotait des Spitfires à l’âge de dix-huit ans seulement, il n’empêche qu’il était un jeune homme particulièrement perspicace. En effet, bien qu’il soit à la fois profondément enchanté et ému par le vol, il voyait son rôle dans l’Aviation royale du Canada (ARC) non seulement comme celui d’un ange protecteur, mais aussi comme ange vengeur de sa chère Angleterre. Cette même Angleterre qui s’est retrouvée victime d’une profonde angoisse nationale au moment de son arrivée là-bas comme pilote de chasse. Ainsi son âme contemplatrice et son sens aigu du bien et du mal ont été formés par son éducation chrétienne, ses parents aimants et dévoués, son éducation approfondie et son vécu au début d’une vie internationale.

Le poème bien-aimé de Magee a, depuis sa mort et l’augmentation de la popularité de son sonnet, conduit de nombreuses personnes à étudier sa courte vie pour tenter de faire la lumière sur ce qui, dans son caractère et son éducation, lui a donné tant de perspicacité créative et une profonde spiritualité à un si jeune âge. À l’occasion de l’anniversaire de sa création et en l’honneur de son incroyable contribution à l’Aviation royale du Canada (ARC), au Canada et de par le monde de l’aviation, nous vous présentons un essai visuel de photographies tirées des albums de la famille Magee et des dossiers de l’ARC. Chronique de sa courte et intéressante vie, de ses parents suprêmement accomplis et de son parcours de formation, bon nombre de ces photographies n’ont jamais été publiées auparavant.

Les photographies provenant des albums de famille ont été partagées avec l’historienne et écrivaine Linda Granfield par les deux frères cadets de Magee, David (décédé) et Hugh. Linda a beaucoup écrit sur Magee, tant pour les jeunes lecteurs que pour les chercheurs sérieux. Il faut également souligner qu’elle a établi, pendant près de deux décennies, un lien solide avec la famille Magee, fondé sur la confiance et le désir partagé de raconter l’histoire authentique de ce jeune homme remarquable. Sa familiarité avec la vie du jeune John Magee Jr. et les images qui suivent ne font qu’entamer l’historique de son bref passage sur cette terre. Toutefois, elles nous donnent un aperçu puissant d’une période tumultueuse et d’une éthique familiale fondée sur la justice, le devoir, le sacrifice, l’honneur, le courage et la foi.

Laissons Linda Granfield nous expliquer l’histoire.

Dave O’Malley


Il y a plusieurs versions traduites du poème High Flight. Celle-ci est la version acceptée par les Ailes d’Époque du Canada.

Haut Vol

Je me suis libéré des âpres liens de la terre,
J’ai dansé dans le ciel sur des ailes d’argent,
Grimpant vers le soleil inondé de lumière,
Je flotte au-dessus des nuages rieurs zébrés de soleil,
Je me sens comme un géant.
Mon avion tourbillonne, au zénith il s’élance,
Prend son essor.
Comme une flèche, il file au milieu du silence,
Traverse les nuages en feu tel des pépites d’or.
Nous voguons vers le ciel avec aisance et grâce,
Atteignant des sommets que n’ont jamais survolés
Même les aigles et les faucons.
La coupole du ciel n’est plus une prison.
L’azur s’illumine et l’horizon s’embrase,
Pendant que je franchis ces mille et une lieues,
L’extase m’envahit.
J’étends la main et je touche le visage de Dieu.

Voici John Gillespie Magee, Jr, né le 9 juin 1922 à Shanghai, en Chine. Il dort dans une chambre d’enfant plutôt humide, l’ombilic enveloppé et sa couche en tissu plutôt basse. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

John était le premier-né du révérend John Gillespie Magee (né en 1884) et de Faith Backhouse Magee (née en 1891). Magee, issu d’une famille éminente de Pittsburgh, PA, est parti en Chine en 1912 en tant que missionnaire ; de même, Faith, missionnaire d’origine britannique, était arrivée en 1919. Ils sont tombés amoureux quelques semaines après leur rencontre et se sont mariés à Kuling, en Chine, en juillet 1921. Par ce mariage, Faith devient américaine. Les quatre enfants Magee, nés en Chine, au Japon et en Angleterre, sont néanmoins citoyens américains en vertu de la citoyenneté de leur père. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Les nouveaux parents ont rempli un « album de bébé » des souvenirs des premiers jours de John : des photos, des listes de cadeaux reçus et les noms des amis de la famille. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Faith a écrit « Carte de baptême du bébé en chinois » au bas de ce document familial. John Jr. a été baptisé en 1922 vêtu d’une robe de baptême faite à la main et cousue par sa tante Ruth Backhouse. Expédiée d’Angleterre, la robe est arrivée à temps pour la cérémonie en Chine. Alors que des centaines de documents Magee ont été donnés par la famille à la bibliothèque de la Yale Divinity School, la famille garde précieusement la robe. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Divinity School de Yale.

John Magee a vécu ses premières années à Nankin (Nanjing), en Chine, qui était alors la capitale. Les Magee vivaient dans un complexe construit dans les années 1920 par le révérend Magee à Hsiakwan (Xiaguan), un quartier pauvre situé à l’extérieur des anciens murs de Nankin. La chapelle, l’école pour les enfants chinois locaux et les maisons des Magee et des autres membres du personnel se trouvaient près de la rivière Yangzte. Depuis la passerelle sur le toit de leur maison, les enfants Magee observaient la navigation sur cette rivière. Dans cette ancienne photo on peut apercevoir les bâtiments de l’école et de la chapelle dans les années 1920 ; aujourd’hui la chapelle sert de bibliothèque scolaire nommée en l’honneur du « premier directeur » John G. Magee Sr. D’après les archives de la famille Magee et la bibliothèque de la Yale Divinity School.

Le révérend John G. Magee est un héros en Chine pour son travail au sein du Comité international de la zone de sécurité, un groupe d’hommes d’affaires, de médecins et d’ecclésiastiques qui a sauvé la vie à plus de 200 000 civils chinois lors du « viol de Nankin » en 1937. Pendant que Magee et les autres luttaient pour tenir en échec l’armée d’invasion japonaise, ses enfants demeuraient en sécurité en Angleterre avec leur mère. Photo : Linda Granfield

Par une journée pluvieuse, père et fils ont visité le mausolée du Dr Sun Yat-sen, le père de la République de Chine, établi en 1911. Sun Yat-sen, que John G. Magee a rencontré, est mort en 1925. Sa tombe a été construite entre 1926 et 1929 au sommet de la « Montagne pourpre » à Nankin (Mont Zijin, Nanjing). Cette photo a été prise en 1928 ou 1929. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School. 

Le passeport délivré à John Magee, 11 ans, le 10 avril 1934, le décrit comme mesurant 1,80 m, avec des cheveux et des yeux bruns. Lieu de naissance : Chine. Étudiant. Une page ultérieure est tamponnée à New York, le 18 avril 1934 car John est en transit vers l’Angleterre, « retournant à l’école St. Clair [Clare], Walmer, Kent ». John G. Magee, père et fils, ont signé la photo du passeport. Photo : Linda Granfield

Toute la famille Magee pose pour cette photo prise en février 1933 à Deal, au Kent en Angleterre. À partir de la gauche, on voit David, John et Christopher. Frederick Hugh, qui naîtra en août, est également « présent ». Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Les Magee ont décidé que la scolarité de leurs enfants se déroulerait en Grande-Bretagne, mais que leurs études universitaires auraient lieu aux États-Unis. De cette façon, l’héritage, les traditions et les familles des deux parents feraient partie de la vie des enfants. Les trois premiers enfants déménagent en Angleterre avec Faith ; John Sr. quitte la Chine pendant ses années de permission. Le quatrième fils Magee, Frederick Hugh, est né à Londres en 1933. John, l’aîné, tient Hugh dans ses bras le jour de son baptême (voilà encore la robe de baptême Magee). Il est accompagné de ses frères Christopher (1928-2005, né au Japon), à gauche, et David (1925-2013, né en Chine), à droite. Hugh Magee est un ecclésiastique à la retraite qui vit en Écosse. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Cette photographie, qui aurait été prise en 1937 à Tunbridge Wells, en Angleterre, saisit en un seul cliché, à la fois l’adolescent audacieusement confiant et le malin effronté. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Une des rares photographies en couleurs (coloriée à la main) de John. Elle a été prise au printemps 1938, alors que John rendait visite à sa famille à Mortehoe, un village du Devon, en Angleterre, pendant la saison de l’agnelage. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School

La veste (de la photo précédente) réapparaît sur la photo de famille prise la même année, lors de la permission du révérend Magee passée avec sa famille en Angleterre. Étant donné la nature du travail missionnaire de Magee en Chine, la famille se réunissait rarement pendant les années 1930. John a rendu visite à sa grand-mère à Mortehoe sa dernière visite en 1941, quelques semaines avant sa mort ; lors de cette visite, il a porté un nouvel uniforme « qui lui va beaucoup mieux que l’ancien ! » a-t-il noté. (De gauche à droite sur la photo du bas : John G. Magee père, Hugh, John, Christopher, David, Faith). Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Des verres fumés super distingués ! La voile, en fait, tout ce qui a trait aux bateaux de toutes sortes, était un passe-temps favori. Ici, John pagaie à l’école de Rugby en 1938. Trevor Hoy, le partenaire d’étude de John, l’a décrit comme un « casse-cou brillant ». Alors qu’il excellait en latin et en grec (« quel dialecte ?  » ) demandait-il avec insolence. Il écrivait également des articles pour le magazine littéraire de l’école. C’était aussi un farceur qui grimpait la tour de l’horloge de l’école et qui subissait sa punition dans «  la tour de Birching ». À la grande consternation des professeurs, John sortait de la tour en souriant ! À Rugby, John était également membre du Corps d’entraînement des officiers. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School

Avant de partir pour ses vacances d’été à Pittsburgh, John, 16 ans, accueille sa mère à la Journée du discours de la Rugby School, en 1939. On lui remet le prix de poésie de l’école de Rugby pour son sonnet : « Le meilleur des mondes ». Un ancien élève de Rugby, Rupert Brooke, le célèbre poète qui a été tué pendant la Première Guerre mondiale avait remporté ce prix en 1905 ; John idolâtrait Brooke et il lui a plus tard dédié un sonnet. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Sur la photo du jardin, prise le jour du discours, Faith Magee est assise sur le banc ; John est debout, face à elle. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, John Magee rendait visite à sa tante, Mary Scaife, à Pittsburgh. Il était venu d’Angleterre avec un ami, et pendant leur séjour aux États-Unis, ils ont visité l’Exposition universelle de 1939 à New York. Cependant, à la fin de l’été et lorsqu’il est temps de retourner en Angleterre pour sa dernière année d’études à l’école de Rugby, John ne peut pas quitter les États-Unis. En tant que citoyen américain, il ne peut pas obtenir de visa ; son ami anglais retourne seul à Rugby. John passe sa dernière année de secondaire à l’Avon Old Farms School dans le Connecticut. On ne peut qu’imaginer ce que c’est que de fréquenter de façon inattendue une nouvelle école, sans amis proches, séparé de ses parents (le père John est toujours en Chine ; la mère Faith est en Angleterre avec ses frères), et de devoir se mettre rapidement au diapason des différentes attentes du programme scolaire. Néanmoins, John obtient son diplôme en juin 1940 et il est accepté à l’université de Yale. Toutefois, il demande à reporter le début de ses études à Yale afin de pouvoir participer à l’effort de guerre. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Divinity School de Yale.

Pendant son séjour à l’école Avon Old Farms (1939-1940), John continue à écrire des poèmes. En fait, dans le cadre d’un travail scolaire, il a produit un recueil relié de ses poèmes. Il a effectué la composition typographique et imprimé les pages sur la presse de l’école. Il a également relié le volume avec du papier bleu clair. Le recueil de poèmes est, bien entendu, antérieur à « Haut vol » (1941) et ne comprend donc pas ce poème ni « Per Ardua », considéré comme le dernier poème qu’il a écrit avant sa mort. Environ vingt exemplaires du recueil Poems by John Magee ont été imprimés par John ; il s’agit d’un volume rare. Cette photo de l’annuaire de l’école montre John en tant que « poète » dans la nature pendant sa dernière année de secondaire. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School. 

John a mentionné à un journaliste qu’en septembre 1939, il « devait y participer [à la guerre] ». Il a dit qu’il « était trop jeune à 18 ans pour se qualifier pour le British Ambulance Corps [alors] il a fait ses bagages et est parti pour Montréal. Il était sur le point de s’engager dans l’armée canadienne lorsqu’il a rencontré des amis qui l’ont persuadé de rejoindre l’ARC ». Le New Paramount Portrait Studio de Toronto (toujours en activité) a photographié de nombreuses recrues de l’ARC. En 1940, John Magee, sans moustache, a posé pour son premier portrait militaire. Via le Dépôt des effectifs No. 1 à Toronto, il se familiarise bientôt avec la « toux du Horse Palace », car il dort avec des centaines d’autres dans des lits superposés installés sur le terrain de l’Exposition nationale canadienne (ENC), près du lac Ontario. Tout près, la promenade et les salles de danse offraient des distractions à John et à ses nouveaux amis de l’ARC. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Aviateur de deuxième classe Magee. Cette photo, prise à la fin de 1940, montre John au cours de ses premières semaines dans l’ARC, alors qu’il était en service de garde à Trenton, en Ontario. Âgé de dix-huit ans et loin de sa famille, John exploite vigoureusement son temps libre à socialiser dans la ville voisine de Belleville. Plus tard, il se rendra à l’école de formation élémentaire à Toronto. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School

Lorsque John est arrivé à Uplands à Ottawa en avril 1941, il a rendu visite à un ecclésiastique local, le révérend Frank Fidler, dont la femme était, depuis son enfance, une amie de l’infirmière de l’école Avon Old Farms. John est arrivé tôt un samedi matin, se souvient Mme Marguerite Fidler, et il semble qu’il ait eu « une longue nuit » le vendredi. Alors que M. Fidler terminait son sermon du lendemain, il a demandé à John d’attendre dans le salon alors que Mme Fidler continuait son travail dans la cuisine. Au bout de quelques minutes, elle passe la tête dans le salon pour voir si John va bien et le trouve allongé sur le canapé en profond sommeil. Lorsque Joan Fidler, âgée de cinq ans, jette un coup d’œil à l’adolescent endormi, Marguerite l’implore « de laisser le garçon dormir, il est fatigué ». Finalement, John se réveille, mange un peu, et le révérend Fidler et John quittent la maison pour une tournée rapide de la ville d’Ottawa en voiture. Par la suite John a été déposé à la base. Mais avant de quitter la résidence des Fidler, John a signé leur livre d’invités. Des années plus tard, les Fidler ont appris que le jeune homme qui avait fait une sieste sur leur canapé était l’adolescent pilote qui avait écrit « Haut vol ». La page du livre d’invités est devenue un trésor familial. Et Joan, en 2016, note : « J’ai encore une image très nette de lui endormi sur notre canapé dans le salon ». Photo : Linda Granfield

Une magnifique photographie de John Magee, fier et confiant, debout à côté de l’un des Harvard 2 construit par Canadian Car and Foundry pour l’École de pilotage militaire no 2 à la station Uplands de l’ARC, à Ottawa. Il porte un casque auquel est fixé un tube Gosport pour parler à l’instructeur en vol. Il est remplacé maintenant par l’interphone. Cette photo a été prise au début de l’été 1941. Photo : MDN

Photo posée d’élèves-pilotes américains du British Commonwealth Air Training Plan du cours 25 de la 2e SFTS d’Uplands, au printemps 1941. Cette photo a été prise dans les semaines précédant le tournage à Uplands des principales séquences du film Captain of the clouds , la plus grande production de Warner Bros. à ce jour. Avec James Cagney en vedette, les producteurs du film prévoyaient une première à New York au début de 1942. Contrairement à certains reportages, Magee n’a pas participé au tournage de la célèbre scène de la parade des ailes dans Captain of the clouds. À ce moment-là, il était déjà parti pour l’Angleterre. À gauche, l’aviateur-chef John Magee montre du doigt un objectif dans le ciel avec une détermination posée et peut-être un peu d’embarras. Peut-être ce cliché promotionnel était-il destiné à inciter les Américains à se mobiliser et à soutenir les Alliés à remporter la guerre. Alors que le film était en postproduction, l’attaque japonaise sur Pearl Harbor rendait superflu tout encouragement des Yankees. Le film est sorti en février 1942, mais, préoccupé par les préparatifs de guerre, l’Amérique l’a à peine remarqué. Les pilotes sont (de gauche à droite) : les aviateurs John G. Magee de Washington (J5824) ; Arthur C. Young de Cleveland, Ohio ; Claiborne Frank Gallicher de Tulsa, Oklahoma ; Curtis Gilman Johnston de Chicago, Illinois ; Arthur Bernard Cleaveland de Springfield, Illinois ; et Ober Nathaniel Leatherman de Lima, Ohio. Photo : MDN

16 juin 1941 —L’aviateur-chef John Gillespie Magee, qui porte encore l’insigne blanc d’un élève pilote sur son képi, rayonne de fierté et de joie lorsqu’il se fait épingler son brevet de pilote de l’ARC par le colonel d’aviation Wilfred A. Curtis, Croix de service distingué et barrette à l’École de pilotage militaire no 2, à Uplands une semaine seulement après le dix-neuvième anniversaire de Magee. Curtis était un pilote de chasse du Royal Naval Air Service pendant la Première Guerre mondiale. Photo : MDN

Peu après avoir reçu son brevet de pilote à Uplands, à Ottawa, John s’est rendu à Washington D.C. pour visiter sa famille avant de partir pour l’Angleterre. Son père, son travail comme missionnaire en Chine maintenant terminé, servait à l’église St. John’s, « l’église des présidents » située en face de la Maison-Blanche. Au cours d’une entrevue pour le Washington Post, John mentionne qu’en septembre 1939, il « devait s’y mettre ». Il a raconté au journaliste qu’il « était trop jeune à 18 ans pour se qualifier pour le British Ambulance Corps [alors] qu’il a fait ses bagages et est parti pour Montréal. Il était sur le point de s’engager dans l’armée canadienne lorsqu’il a rencontré des amis qui l’ont persuadé de rejoindre l’ARC ». Le lendemain de la parution de l’article dans le Post, la portraitiste de silhouettes Florence Browning a réalisé ce portrait de John G. Magee Jr. où l’on voit clairement la moustache à la Errol Flynn que portaient tant de membres des forces aériennes de la Seconde Guerre mondiale. Il est intéressant de noter que les silhouettes sont généralement découpées par paires, le côté noir des deux morceaux de papier se faisant face pour une image et une image inversée. Ces deux silhouettes, qui n’ont jamais été encadrées, se trouvent dans la propriété Magee à Yale. On peut se demander à qui John les destinait, si elles avaient peut-être été mises de côté pour lui plutôt que postées ou livrées à un admirateur. La famille Magee vit John une dernière fois lors de sa visite à Washington avant son départ pour l’Angleterre. Six mois plus tard, il était mort. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Un moment de détente à la caserne, en Angleterre, 1941— probablement à la base RAF Digby. Photo ARC

L’album photo personnel de John Magee comprend cette image de lui et d’un Spitfire. « Quel as! » est la légende que John a écrite avec toute l’humilité qu’un adolescent pilote peut avoir! Lors d’une interview accordée au Washington Post juste avant son départ de Washington D.C., John a déclaré qu’il était « heureux d’avoir gagné son brevet de pilote, mais encore plus heureux à l’idée de piloter un Spitfire, le rêve ultime de tout pilote britannique, et à la perspective d’un peu d’action ». Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Photo de mauvaise qualité, néanmoins une image dont John est fier. Nous le voyons ici dans le cockpit d’un Spitfire du 412e Escadron, comme l’indique le marquage d’escadron « VZ » sur le fuselage de l’avion. La photo a été prise quelque temps après son départ de l’Unité d’entraînement opérationnel n° 53 de la RAF Llandow, à Glamorgan, au Pays de Galles, en août. Magee rejoint le 412e Escadron à RAF Digby, Lincolnshire, le 23 septembre 1941. Pendant les deux mois et demi qui suivent, il perfectionne sa formation, mais il a aussi réussi plusieurs opérations de combat, dont une qui lui a permis de tirer sur un Messerschmitt Bf 109. En tout il a piloté le Spitfire à 80 reprises.

John a choisi cette image à partir de la planche contact d’un photographe montrant de multiples poses de portraits. Il s’agit de la photographie officielle de l’ARC que l’on voit le plus souvent accompagnant les documents « Haut vol ». Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

La copie originale et très fragile de « Haut vol »,(High flight) de la main de John. Le poème apparaît au dos d’une page d’une lettre envoyée en septembre 1941 à ses parents à Washington D.C. La lettre et le poème ont été prêtés à Archibald MacLeish, le bibliothécaire du Congrès, pour une exposition intitulée « Poèmes de foi et de liberté ». Cet artéfact est devenu un cadeau des Magee au peuple américain et « Haut vol » est conservé de manière permanente à la Bibliothèque du Congrès. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Magee prend une pose à la fois désinvolte et confiante appuyée contre le Supermarine Spitfire Vb (VZ-B, surnommé Brunhildë) du 412e Escadron. Le Spitfire Brunhildë (AD329) a subi des dommages à l’extrémité de l’aile avec Magee aux commandes le 5 novembre lors d’un atterrissage difficile à RAF Wellingore. Photo via Stephen Fochuk/Robert Bracken

Personne ne savait pourquoi John avait nommé son Spitfire Brunhildë, jusqu’à ce qu’une cache de ses lettres à « Regine » soit envoyée à Rusty Maclean, le bibliothécaire de la Temple Reading Room de l’école de Rugby, en Angleterre. On a demandé à l’historienne Linda Granfield de transcrire les lettres parce qu’elle connaît bien l’écriture de la famille Magee. « En fait, je me suis surprise à réagir à voix haute en dactylographiant cette lettre sur mon portable », raconte-t-elle. « J’avais l’explication de Brunhildë sous les yeux. Mystère résolu ! ». Il a écrit « J’ai nommé mon Spitfire, pas en ton nom [Régine] — (ni d’ailleurs au nom d’aucune autre fille que je connaisse) — mais Brunhildë, parce que si tu as déjà vu un Spitfire, deux qualités te frappent : la puissance et la grâce, d’où l’image de la déesse teutonne. Je l’ai peint en gros caractères allemands sur le côté du capot, de sorte que si le Boche la voit un jour, il se rendra compte que même les divinités allemandes sont de notre côté maintenant ». Le reste du texte de la même page est également intéressant. Il décrit ce qui se passe sous sa fenêtre pendant que John écrit, et révèle également ce qui est important pour un pilote adolescent. « Pendant que nous étions partis en manœuvres, l’escadron Eagle a pris notre place ici. C’est un bon groupe de gars, mais ils m’assourdissent en ce moment. Tout leur escadron décolle en formation ensemble au moment où j’écris. Le ciel est couvert d’une belle formation d’Hurricanes. Au fait, je n’ai pas oublié les consommations que tu devais m’offrir à mon retour. Je vis dans l’attente ! En attendant, bon courage, ma chérie, et préserve bien la flamme au foyer. À toi pour toujours, John P.S. Si jamais tu as une cigarette dont tu ne sais que faire, mets-la dans une enveloppe et marque-la « Magee », car il est difficile d’en trouver ici ! Photo : Linda Granfield

La vaste collection de pièces militaires de l’artiste Michael Martchenko spécialisé en aviation confère un caractère authentique à cette peinture, l’une des illustrations de High Flight: A Story of World War II, une biographie de John G. Magee Jr. par Linda Granfield. Le livre a été publié en 1999. Un adolescent a servi de modèle ; il portait les vêtements et l’équipement, et rigolait lorsqu’on lui disait qui et ce qu’était une « Mae West ». Illustration : Michael Martchenko

« Haut vol » (High flight) a été publié dans le bulletin de l’église St. John’s en décembre 1941, peu après la mort de John. Pendant des décennies, on a cru que la copie du bulletin était la première impression publique de « Haut vol » ; cependant, en 1998, Linda Granfield a découvert que le poème avait déjà été publié, avec des erreurs, dans le Pittsburgh Post-Gazette, le 12 novembre 1941. Sa tante Mary Scaife l’avait fièrement envoyé, accompagné d’une note sur le service de John dans l’ARC. La recherche d’une éventuelle publication antérieure du poème se poursuit. Remarque : la date du 3 septembre 1941 imprimée avec le poème est celle de la lettre de John à ses parents ; le poème a été écrit le 18 août, selon les informations de vol figurant dans le journal de bord de John. John Magee savait-il que le public avait lu « Haut vol » en novembre ? Nous l’ignorons. Photo : Linda Granfield

Le tableau de Michael Martchenko représente la collision entre le Spitfire de John Magee et l’Oxford d’Ernest Aubrey Griffin, le 11 décembre 1941. John s’était précipité dans la guerre, craignant, comme bien d’autres jeunes, que la guerre ne se termine avant qu’il n’ait pu faire sa part. Toutefois, les États-Unis se sont lancés en guerre au lendemain de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, à Hawaï, quelques jours seulement avant la mort de John. Cette illustration, basée sur les rapports de la collision réelle, apparaît dans High Flight: A Story of World War II de Linda Granfield. Illustration : Michael Martchenko

L’aviateur-chef de la RAF Ernest Aubrey Griffin, comme John Magee, n’avait que 19 ans lorsqu’il est mort. Il n’était dans la réserve volontaire que depuis six mois. Sa mère et Faith Magee ont correspondu lorsque chacune a appris l’identité du fils de l’autre. Griffin est enterré au crématorium d’Oxford, à Headington (anciennement Stanton St. John), en Angleterre. C’est là que son nom figure sur un panneau du Mur du souvenir.

Le télégramme reçu par la famille Magee à Washington D.C. La partie censurée contient l’adresse de la famille, une maison louée alors que le révérend Magee servait à « l’église des présidents » pendant la Seconde Guerre mondiale. Quelques semaines après avoir été informée de la mort de John, la famille a reçu des lettres de condoléances du grand public et d’autres, plus célèbres, qui avaient également été touchés par le poème de leur fils. Parmi les personnes qui ont envoyé des notes figurent Helen Keller, les actrices Katherine Hepburn et Merle Oberon, ainsi que des membres du gouvernement américain. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

La famille Magee a reçu cette photographie de la tombe de John en Angleterre. Cette simple croix dans le cimetière de Scopwick, dans le Lincolnshire, a été remplacée plus tard par l’une des pierres tombales standardisées de Portland installées par la Commission de guerre impériale (maintenant connue sous le nom de Commission des sépultures de guerre du Commonwealth. John Gillespie Magee Jr. est enterré avec d’autres aviateurs de l’ARC qui sont morts en service à la base de Digby. Comme d’autres parents, les Magee ont choisi l’inscription gravée sur la pierre de leur fils soit deux lignes de « Haut vol » . « Je me suis libéré des âpres liens de la terre / J’étends la main et je touche le visage de Dieu. » Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

En juin 1943, l’artiste Jere Wickwire, un camarade de classe du révérend Magee à Yale, réalise un portrait du jeune John d’après la photo prise par l’ARC. La famille Magee a posé avec un dessin préliminaire pour le portrait, un cadeau de l’artiste. Faith Magee porte la « Croix d’honneur de la mère » (croix du souvenir) à ruban violet. David s’était engagé dans la US Army Air Corps. Christopher (à l’arrière) a servi dans la marine marchande de combat pendant la guerre. Hugh (à gauche) était étudiant. En 2012, David Magee a donné le dessin, signé par l’artiste, au Musée canadien de la guerre (Ottawa) comme cadeau de la part de sa famille au Canada, où John avait été formé et dont il portait l’uniforme de l’ARC. La version finale de la peinture à l’huile est accrochée à l’école de Rugby en Angleterre. Archives de la famille Magee/Bibliothèque de la Yale Divinity School.

Le poème « Haut vol » a inspiré des créateurs dans de nombreuses disciplines. Il a été mis en musique, utilisé dans des fictions et des films, et inscrit sur des murs, des meubles et des peintures. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Comité des citoyens pour l’armée et la marine a retenu des artistes pour la conception et l’exécution de triptyques d’autel. Ces écrans pliables pouvaient être transportés sur le terrain ou à bord des navires afin de constituer une « chapelle mobile» pour les troupes. Ce triptyque « Haut vol » a été peint par Alfred James Tulk (1899-1988) pour la chapelle existante de Bolling Field, Washington D.C. Il a été inauguré par la famille Magee en 1946, mais a malheureusement été détruit dans un incendie quelques années plus tard. La rumeur veut qu’une photographie de John Magee ait servi de modèle pour le visage du jeune Christ, mais rien ne permet de le confirmer. Source de l’image non disponible

Pour un grand nombre de Canadiens, le livre de lecture de cinquième année intitulé « Haut vol » a servi de première rencontre avec le poème de pilote adolescent. La maison d’édition, Copp Clark Co. Limited de Toronto a reçu la permission écrite du Révérend et de Mme John G. Magee d’inclure le poème dans la publication de 1951. Des vers de « Haut vol » apparaissent sur le frontispice et le poème entier se trouve à la page 8, dans une section intitulée « Grandir au Canada ». Un astérisque (*) indique les auteurs canadiens ; le nom de John n’a pas d’astérisque. Cela dit, il est en compagnie immédiate de Robert Frost, Rudyard Kipling, le très honorable Vincent Massey (" On Being Canadian ") et Sir Charles G.D. Roberts. Et ce n’est que la liste des auteurs de la première section. Photo : Linda Granfield

L’autel de la chapelle du Trinity College à l’université de Toronto est un autre exemple d’inspiration de « Haut vol ». Cette conception de Gordon Peteran en 1994 comprend des lignes de « Haut vol » gravées sur la surface supérieure. L’autel a été offert par la classe de 1944 à la mémoire de leurs camarades étudiants morts pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est approprié qu’au sein d’une salle gothique remplie de vitraux et d’une paix palpable, où les étudiants et les professeurs prient et où l’on célèbre les mariages et les vies perdues, les paroles éternelles d’un jeune pilote qui n’a jamais eu la chance d’aller à l’université s’insinuent dans les cœurs et les âmes. Photo : Linda Granfield

Diplômé de l’université de Yale, Frederick Hugh Magee (Hugh) s’est formé à l’ordination à Westcott House, à Cambridge. Il a été ordonné en 1959 et a depuis servi des paroisses des deux côtés de l’Atlantique, y compris comme doyen de Wenatchee dans le diocèse de Spokane. Récemment retraité, Hugh reste chanoine honoraire de la cathédrale épiscopale de Dundee, en Écosse, où il a servi pendant quinze ans. En plus de ses fonctions sacerdotales, Hugh est depuis trente ans un étudiant de A Course in Miracles, un enseignant et un écrivain. Il vit avec sa femme Yvonne, artiste-peintre, en Écosse. Photo : Linda Granfield

En décembre 2011, à l’occasion du 70e anniversaire de « Haut vol » et de la mort de John Gillespie Magee Jr, des cérémonies ont été organisées près de sa tombe. Parmi les hommages déposés sur la tombe figuraient une couronne de coquelicots, des drapeaux et une feuille d’érable pressée envoyée du Canada. Hugh Magee a assisté aux cérémonies au cimetière de l’église de Scopwick, dans le Lincolnshire, en Angleterre. Photos : Gauche et centre : via Hugh Magee ; droite via Panaramio

Camarade de classe de l’école de formation initiale d’Uplands et contemporain de John Magee Jr, le capitaine d’aviation Fred Jones grimpe son Spitfire PR tout bleu vers un azur illuminé en Angleterre en 1944. Jones fait partie du premier groupe de jeunes pilotes à connaître et à chérir le poème de Magee. « Haut vol » a été lu à ses funérailles par son gendre, Dave O’Malley, en 2007. Photo via Rosemary Jones

Previous
Previous

Le courage et la croisée des chemins

Next
Next

ARCHIE PENNIE — Un bref au revoir