MAGEE – Un jeune héros et poète légendaire
Photoreportage de la vie et l’époque de John Gillespie Magee Jr. Le poète renommé du sonnet « Haut vol », signé Linda Granfield avec Dave O’Malley
Le 18 août 2016, soit 75 ans jour pour jour après qu’un adolescent, le sous-lieutenant d’aviation John Gillespie Magee Jr., aux commandes de son Supermarine Spitfire Mk I a décollé de l’aérodrome Llandow de la RAF, au Pays de Galles, et a grimpé vers le soleil dans un ciel « inondé de lumière » et un horizon embrasé ». Son réservoir était autant plein d’essence que son cœur plein de joie. Le bilan des deux heures qui suivirent : plusieurs centaines de gallons de carburant de Sa Majesté à indice d’octane 100 consommées et l’inspiration viscérale pour la plus belle expression sur l’exaltation et la spiritualité du vol du monde littéraire. Il s’agit du poème que nous connaissons tous sous le nom de « Haut vol »-« High Flight ».
Par le temps que le jeune Magee ait détaché ses sangles, descendu de l’avion et été débreffé, il avait déjà à l’esprit les vers principaux de son poème emblématique. Tragiquement, il est mort quelques mois plus tard lors de son quatre-vingtième vol en Spitfire. Il n’a pas vécu pour voir l’ère des avions à réaction, l’universalité du transport aérien ou les hommes foulant la surface de la lune. Il n’a pas vécu pour voir ses mots gravés dans la pierre sur tous les continents ou pour entendre ses mots prononcés par des présidents, des astronautes et des pilotes de tout acabit. Il n’a pas vécu pour connaître le réconfort que ses mots apporteraient aux familles endeuillées ou la gloire qu’ils ont apportée aux aviateurs de sa propre guerre tombés au combat. Il n’a pas vécu pour voir l’influence importante que ses mots auraient sur ses frères et sœurs aviateurs. Il a cependant vécu assez longtemps pour verser 114 mots de son cœur et les composer pour livrer une description parfaite et obsédante d’un brin d’ADN des aviateurs. Dans ces mots et ces lignes se trouve le code génétique émotionnel et inspirant qui révèle l’aviateur, qui explique la passion que nous avons pour le vol, qui nous inspire à grimper vers le soleil.
Ses mots ne sont pas ceux de l’aviation moderne, du GPS, de l’avionique, du contrôle du trafic aérien, du lancement autoguidé. Ce sont les mots qui décrivent avant tout le vol humain; des ailes, des nuages et des trois dimensions. Du vol à son plus naturel avant que les contrôles externes, la technologie et la réglementation ne viennent gâcher la joie. Ses mots décrivent l’aviateur de la Première Guerre mondiale, de la voltige effrénée, de sa propre guerre et des aviateurs d’aujourd’hui qui ressentent toujours ce brin fondamental d’ADN qui exécute des tonneaux et qui cisaille au plus profond de leur corps — un brin qui trace une ligne imaginaire entre leur cœur exhalté et leur esprit poétique. Un brin qui se manifeste comme un picotement remontant le long de la colonne vertébrale.
Bien que John Magee pilotait des Spitfires à l’âge de dix-huit ans seulement, il n’empêche qu’il était un jeune homme particulièrement perspicace. En effet, bien qu’il soit à la fois profondément enchanté et ému par le vol, il voyait son rôle dans l’Aviation royale du Canada (ARC) non seulement comme celui d’un ange protecteur, mais aussi comme ange vengeur de sa chère Angleterre. Cette même Angleterre qui s’est retrouvée victime d’une profonde angoisse nationale au moment de son arrivée là-bas comme pilote de chasse. Ainsi son âme contemplatrice et son sens aigu du bien et du mal ont été formés par son éducation chrétienne, ses parents aimants et dévoués, son éducation approfondie et son vécu au début d’une vie internationale.
Le poème bien-aimé de Magee a, depuis sa mort et l’augmentation de la popularité de son sonnet, conduit de nombreuses personnes à étudier sa courte vie pour tenter de faire la lumière sur ce qui, dans son caractère et son éducation, lui a donné tant de perspicacité créative et une profonde spiritualité à un si jeune âge. À l’occasion de l’anniversaire de sa création et en l’honneur de son incroyable contribution à l’Aviation royale du Canada (ARC), au Canada et de par le monde de l’aviation, nous vous présentons un essai visuel de photographies tirées des albums de la famille Magee et des dossiers de l’ARC. Chronique de sa courte et intéressante vie, de ses parents suprêmement accomplis et de son parcours de formation, bon nombre de ces photographies n’ont jamais été publiées auparavant.
Les photographies provenant des albums de famille ont été partagées avec l’historienne et écrivaine Linda Granfield par les deux frères cadets de Magee, David (décédé) et Hugh. Linda a beaucoup écrit sur Magee, tant pour les jeunes lecteurs que pour les chercheurs sérieux. Il faut également souligner qu’elle a établi, pendant près de deux décennies, un lien solide avec la famille Magee, fondé sur la confiance et le désir partagé de raconter l’histoire authentique de ce jeune homme remarquable. Sa familiarité avec la vie du jeune John Magee Jr. et les images qui suivent ne font qu’entamer l’historique de son bref passage sur cette terre. Toutefois, elles nous donnent un aperçu puissant d’une période tumultueuse et d’une éthique familiale fondée sur la justice, le devoir, le sacrifice, l’honneur, le courage et la foi.
Laissons Linda Granfield nous expliquer l’histoire.
Dave O’Malley
Il y a plusieurs versions traduites du poème High Flight. Celle-ci est la version acceptée par les Ailes d’Époque du Canada.
Haut Vol
Je me suis libéré des âpres liens de la terre,
J’ai dansé dans le ciel sur des ailes d’argent,
Grimpant vers le soleil inondé de lumière,
Je flotte au-dessus des nuages rieurs zébrés de soleil,
Je me sens comme un géant.
Mon avion tourbillonne, au zénith il s’élance,
Prend son essor.
Comme une flèche, il file au milieu du silence,
Traverse les nuages en feu tel des pépites d’or.
Nous voguons vers le ciel avec aisance et grâce,
Atteignant des sommets que n’ont jamais survolés
Même les aigles et les faucons.
La coupole du ciel n’est plus une prison.
L’azur s’illumine et l’horizon s’embrase,
Pendant que je franchis ces mille et une lieues,
L’extase m’envahit.
J’étends la main et je touche le visage de Dieu.