ARCHIE PENNIE — Un bref au revoir
La première fois que j’ai rencontré Archie Pennie, il avait 92 ans; un homme grand et mince revêtant un pull argyle bleu et un pantalon couleur bleu poudre. Il avait un visage long et étroit, des mèches de cheveux blancs fins, clairement résistant au peigne. Il avait l’air plein d’attente et même un peu impatient. Accompagné de sa famille, il rendait sa première visite aux Ailes d’époque du Canada et moi, ami de l’un de ses compagnons, j’ai eu la chance de lui faire visiter le hangar.
C’est à cette occasion que j’ai été témoin pour la première fois du puissant effet de rajeunissement qu’un hangar rempli d’avions d’époque de la Seconde Guerre mondiale avait sur les aviateurs de cet âge avancé. Archie, flanqué de son petit-fils et son ancien gendre, est rentré prudemment tandis que je lui tenais la porte, à lui et à son groupe. C’est à ce moment précis que je l’ai vu se redresser tout d’un coup, ses yeux écarquillés, un large sourire sur son visage auparavant méfiant. Malgré sa vue embuée et entravée par une dégénérescence maculaire, ses yeux bleus aqueux de quatre-vingt-douze ans ont tout capturé et n’ont rien manqué. Il a très bien reconnu les formes devant lui, et même si elles n’étaient pas très claires. Leurs reflets sur le sol poli, les formes évocatrices d’un Spitfire, Hurricane, Harvard, Tiger Moth, Corsair et Mustang se tenaient clairement en sa mémoire, des exemplaires parfaitement entretenus d’avions parmi les plus importants de la Seconde Guerre mondiale. Archie est ensuite entré dans le hangar comme un homme soudainement rajeuni.
À ce stade, Archie n’avait pas encore dit un mot, à part «Bonjour», avec une poignée de main, mais quand il a découvert la forme familière de notre Westland Lysander, il s’est exclamé d’une voix heureuse, enfantine et incrédule, «Oh mon Dieu, où avez-vous obtenu le 'Lizzie'?» À ce moment-là, je savais que ce serait une visite guidée dont je me souviendrai pendant longtemps.
Archie Pennie était un vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Un Écossais, un homme instruit, un aviateur, un instructeur et un homme avec cette capacité magique de se remémorer profondément son passé et de se rappeler aussi bien l’ordinaire que les détails extraordinaires de sa vie au cours de son expérience de pilote de la Royal Air Force. Le service d’Archie à l’effort de guerre était engagé, sincère et dévoué, mais son véritable cadeau au monde était le fait qu’il se souvenait de ses expériences dans les moindres détails et qu’il partageait ses souvenirs avec ceux qui l’écoutaient.
Tous les hommes et les femmes qui ont servi pendant cette plus grande de toutes les guerres ont été affectés par leurs expériences, certaines si profondément qu’ils ne pouvaient pas en parler. Beaucoup ont vu la souffrance, des scènes abjectes, la terreur; tous ont connu des privations, de la solitude et des difficultés. Beaucoup de ces combattants et participants, s’ils ont survécu aux dangers immédiats, ont emporté leurs souvenirs avec eux dans leurs tombes. Ils ne voulaient pas toujours parler de leurs expériences de peur d’ouvrir de vieilles blessures ou peut-être de paraître vantards et, ce faisant, de déshonorer la mémoire de leurs camarades qui ne sont pas revenus de la guerre. Mais surtout, c’était simplement parce que personne ne leur avait vraiment posé de questions à ce sujet. C’était le moment d’oublier et de passer à autre chose... et tout le monde l’a fait, certain portant de lourds poids pendant des décennies. Aujourd’hui, nous appelons ça syndrome de stress post-traumatique, et nous savons maintenant que de parler de nos expériences traumatisantes est important pour le rétablissement psychique. À l’époque, en parler était interdit.
Tous les hommes et toutes les femmes qui ont été entraînés dans cette guerre avaient des souvenirs à la fois terribles et beaux, à la fois tristes et joyeux. La seule manière qu’il restait pour toucher leurs âmes meurtries était de leur faire parler d’histoires joyeuses, de détails de la vie quotidienne pour un soldat, un marin ou un aviateur. On connait bien les mouvements des armées et de leurs généraux, les changements politiques et les alliances, les vastes statistiques de la guerre, bien racontés par les grands historiens de Churchill à Ovary et de Beevor à Atkinson. Mais l’expérience de guerre de l’homme seul, du soldat ordinaire ou de l’aviateur, est racontée non pas du point de vue de l’historien académique traditionnel qui analyse les mouvements d’échecs avec le recul, mais du vécu sur le terrain, dans les bâtiments de la caserne, dans les mess et les pubs. L’expérience de l’homme de combat est racontée, non pas par ces historiens, mais par le combattant lui-même, à l’aide d’illustrations et par des souvenirs personnels échangés lors de repas. C’était là la capacité et la passion extraordinaires d’Archie Pennie.
Bien que les historiens puissent mettre en lumière les grandes lignes du déroulement de la Seconde Guerre mondiale et que les amateurs de minutie puissent présenter aujourd’hui les documents relatant l’utilisation de chaque Spitfire, ils ne peuvent pas nous aider à comprendre ce que le combattant a ressenti. Sans avoir un aperçu de la vie des hommes et des femmes qui ont combattu dans cette guerre, nous ne pouvons rien apprendre, nous identifier à rien et, en fin de compte, manquer de ressentir l’ampleur de leur sacrifice et de leur dévouement au devoir. Grâce à des hommes comme Bill McRae et Archie Pennie et à leur travail pendant plusieurs décennies pour la Société historique de l’aviation canadienne, nous manquerions les indices et les éléments les plus révélateurs pour comprendre notre patrimoine : les désirs, les frustrations, les peurs, les traumatismes, les amours, les joies, les comportements et la fierté des gens ordinaires. Bien que la plupart des hommes aient tu leurs expériences de guerre, préférant parler de leurs souvenirs uniquement en présence de vieux camarades aux cours de réunions, il y en avait un très petit pourcentage qui a trouvé une voix avec laquelle nous dire la vérité sur cette époque. De ce petit groupe d’hommes et de femmes, l’un se distingue parmi les autres, un homme à la voix humble et joyeuse, un homme dont la mémoire prodigieuse nous permet de vivre son expérience de la guerre dans des détails inouïs, les couleurs, les odeurs, les attraits et les échos de la vie dans la prairie canadienne balayée par le vent, sur une base aérienne isolée dédiée à l’entraînement des jeunes hommes à voler et à les envoyer dans la gueule de la bête. Il s’appelait Archie Pennie et nous lui devons beaucoup.
Les histoires d’Archie n’étaient pas celles d’un vantard ou d’un bavard, plein de «comment faire», d’étalage de risques personnels et de trompe-la-mort. Ce sont les révélations lumineuses de la vie ordinaire d’un jeune homme venu d’Écosse, obsédé par l’aviation, qui a voyagé loin de chez lui jusqu’à une terre lointaine, et qui est devenu un superbe pilote. Puis, lorsqu’on lui a demandé d’apprendre aux autres à devenir pilotes eux-mêmes, il a mis de côté son désir personnel de se battre et il est devenu le meilleur instructeur possible.
Les histoires d’Archie sont nombreuses... assez pour remplir trois volumes... chacun, illustrant sans ordre particulier, sa vie en Écosse, son combat pour s’enrôler (en tant que chimiste, il a été considéré comme travailleur essentiel). Il raconte son voyage au Canada pour s’entraîner, sa vie d’instructeur dans la prairie gelée et son affectation comme pilote de chasseur-bombardier Mosquito en Europe à la fin de la guerre. Ces volumes ont été transmis, un par un, à la succursale d’Ottawa de la Société historique de l’aviation canadienne (SSAC) et à son bulletin Observair. Mois après mois, année après année, Archie donnait vie à un souvenir dans sa belle voix, un seul souvenir ou lorsque combiné avec d’autres nous offraient un tableau, ou plutôt une œuvre, celle de l’expérience d’un volontaire de la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale. Individuellement, chaque souvenir chante brillamment, mais ensemble, ils forment un chœur retentissant qui, pour moi, est comme une «bande sonore de l’histoire».
Je ne sais pas vraiment comment Archie a réussi à extraire ses mémoires du plus profond de son âme, mais j’aime l’imaginer assis dans son bureau, fermant les yeux et laissant son cœur guider son esprit là où il peut. Ici, un retour à l’endroit où il s’est déjà battu si farouchement. Je l’imagine, les yeux fermés, un sourire nostalgique sur son visage, jetant un regard de plus de 70 ans en arrière, nageant dans un océan de souvenirs, un lieu longtemps calmé, mais à connotation profondément historique. Je peux imaginer son sourire s’agrandir dès qu’un nouveau souvenir refait surface. Survient alors une métaphore, c’est irréel, mon esprit étant imprégné par la lecture de ses récits pendant toutes ces années, je le vois, ses vieilles mains minces tournant lentement la manivelle du puits de ses souvenirs, remontant ses mémoires grandissantes à la surface, fraîches et vivantes, étant cachées depuis si longtemps.
L’amour d’Archie pour l’histoire, qu’il s’agisse de sa propre expérience personnelle pendant la Seconde Guerre mondiale ou de l’histoire merveilleusement colorée de sa communauté de la vallée de la Gatineau, s’est métamorphosé en une œuvre substantielle s’étalant sur plusieurs livres. Son ouvrage en trois volumes intitulé «Un aviateur se souvient», publié avec fierté par sa fille Sheena, est le recueil de la plupart des histoires qu’Archie a écrites pour Observair de CAHS. Si l’on veut monter dans une machine à remonter le temps jusqu’en 1942, dans les bases aériennes froides des Prairies canadiennes où des milliers de jeunes hommes traçaient le ciel avec le vrombissement de leurs Ansons, Cornells, Harvards et Oxfords, il n’y a qu’une seule façon de le faire ... à travers le cœur généreux, la voix élégante et la mémoire cinématographique du capitaine d’aviation Archie Pennie.
À 98 ans, Archie Pennie écrivait encore ses souvenirs. Il remontait régulièrement son horloge grand-père. Étant presque aveugle en raison de la dégénérescence maculaire, le son du carillon de cette horloge était la façon dont il gardait conscience du temps ... le temps qui s’épuisait lentement. Malheureusement lors de ce processus, Archie a perdu son équilibre et l’horloge s’est renversée sur lui, lui brisant six côtes. Quelques jours plus tard, son temps lui fut compté et il a succomba suite à des blessures aussi physiques que métaphoriques. À bien des égards, Archie était comme cette horloge, un grand-père, révélant le temps sous la forme d’histoires et de souvenirs, tic-tac régulier, mois après mois. Et maintenant, cette horloge s’est arrêtée.
Grâce à Archie, nous avons des centaines d’histoires, parfois poignantes, parfois drôles, parfois douloureusement tristes, toujours colorées d’une vie pleinement vécue, d’un devoir pleinement rempli, un riche héritage, heureusement enregistré. Nous sommes reconnaissants pour son travail, encore mieux pour sa capacité de raconteur d’histoires et maintenant nous ressentons le vide pour des mois et des années à venir sans sa voix.
Mais vous pouvez remonter cette horloge quand vous le souhaitez, en venant à la bibliothèque des Ailes d’époque du Canada et en lisant ses histoires abondantes, ou en vous joignant à l’une des meilleures institutions et moins considérées de ce pays : la Société historique de l’aviation canadienne. Grâce à elle et aux fondateurs qui l’ont créée il y a cinquante ans, tous ces aviateurs traumatisés et silencieux qui ne pouvaient pas parler y ont trouvé une voix, parmi eux Bill McRae et Archie Pennie
Merci Archie.
Sheena,
Je ne vous ai jamais rencontré, mais j’ai eu le privilège de piloter le PT-26 Cornell des Ailes d’époque du Canada qui porte le nom de votre père.
Au cours des étés 2011 et 2012, j’ai eu la chance d’être l’un des pilotes qui ont piloté le Cornell littéralement d’un bout à l’autre du pays. L’avion a volé depuis Ottawa, puis au-dessus des merveilleuses Prairies, et ensuite à travers les Rocheuses canadiennes jusqu’à Vancouver.
Nous avons passé de nombreuses chaudes après-midis d’été à expliquer l’importance de l’avion dans l’histoire de l’aviation canadienne et à parler de votre père et du temps qu’il a passé à piloter ce type d’appareil à Assiniboia, en Saskatchewan. J’ai grandi non loin d’Assiniboia, alors c’était particulièrement touchant de raconter des histoires sur l’enseignement offert par votre père à cet endroit.
Chaque fois que nous perdons un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale au Canada, notre tissu social en souffre un peu plus. C’est leur humble ténacité qui a forgé une vie meilleure pour les Canadiens. J’espère que les générations suivantes vont l’apprécier.
Je veux que vous sachiez que même si votre père n’était pas avec nous lorsque nous avons traversé le pays, son nom et son esprit l’étaient.
J’ai joint une photo qui illustre probablement le plus le «passage du flambeau d’Archie Pennie».
De notre famille des Ailes d’époque à la vôtre, nos pensées sont avec vous en cette période des plus difficiles. Nous n’oublierons pas Archie.
Sincèrement, Todd Lemieux
Président du conseil d’administration et Chef d’équipe des « Ailes Jaunes» des Ailes d’époque du Canada
L’histoire de William Denzil Livock par Archie Pennie
Pour ceux d’entre nous qui écrivent pour le plaisir ou pour faire revivre nos souvenirs, les commentaires des lecteurs sur nos efforts littéraires sont toujours d’un grand intérêt et d’encouragement. J’ai déjà fait des commentaires à ce sujet (l’Observair, vol. 38, no 5, mai 2001) et maintenant une autre situation intéressante et personnelle s’est révélée.
Une partie de mon intérêt pour l’histoire de l’aviation s’est répandue à l’étranger et j’ai récemment entendu parler d’un correspondant de ma ville natale d’Elgin, en Écosse. En août 2002, il m’a envoyé une coupure de son journal local, rapportant qu’une équipe de sauveteurs amateurs avait récupéré des parties d’un Mosquito qui s’était écrasé dans la mer à environ un quart de mille de Lossiemouth le 21 décembre 1944. L’équipe de passionnés espère susciter suffisamment d’intérêt pour ériger un monument commémoratif approprié en l’honneur des nombreux membres d’équipage de la Force de frappe de Banff qui ont perdu la vie à partir de cette base. Leur souhait serait d’incorporer l’hélice récupérée dans le mémorial.
L’information sur les opérations de renflouage a touché une corde sensible car le pilote du Mosquito avait été l’un de mes amis les plus proches tout au long de ma formation de personnel naviguant. Malgré le fait que l’accident se soit produit il y a plus de 58 ans, la nouvelle m’a frappé comme si c’était hier. Le malheureux pilote, Bill Livock, tentait d’effectuer un atterrissage avec un seul moteur en marche à Lossiemouth mais il a perdu le contrôle. Il ne fait aucun doute qu’avec la faible vitesse et le violent couple-moteur de l’autre moteur, l’avion s’est retourné sur le dos et il a plongé dans la mer. Il était l’un de mes amis proches qui ont subi le même sort tragique dans des circonstances similaires à bord des «Mossies».
Je me souviens très bien de mes rapports avec Bill à l’École de pilotage militaire No. 37 à Calgary. Il était ce que l’on pourrait appeler un «type audacieux», et n’a jamais cessé de nous régaler dans la salle d’équipage avec ces belles manœuvres aussi étranges qu’effrayantes qu’il rajoutait à nos schémas de voltige les plus banales. À une occasion, il a participé à un exercice d’armement avec un instructeur qui lui avait demandé de faire un «petit virage» (ce n’est pas une expression trouvée dans le manuel de l’instructeur). Bill l’avait interprété comme une «mise en vrille» et il avait réussi à complètement effrayer l’instructeur. Inutile de dire qu’ils n’avaient plus jamais volé ensemble de nouveau, mais Bill voyait le côté drôle de cette histoire et il aimait parler de cette aventure particulière.
Sans raison valable, les élèves de l’École de pilotage militaire n’ont jamais été autorisés à avoir un autre étudiant comme passager sur Harvard. À Calgary, les habitants de la région se sont apparemment opposés aux vrombissements des Harvard la nuit. Nous avons ainsi été bannis du terrain satellite d’Airdrie à quelque 20 milles au nord de la ville pour les vols de nuit des élèves avec leurs instructeurs. À une occasion des plus inhabituelles, on m’a demandé de transporter Bill Livock comme passager, mais on m’a dit de ne pas inscrire son nom dans mon journal de bord. Naturellement, c’était une occasion unique et je prévoyais fortement de réussir à faire un atterrissage de première classe à Airdrie. Si j’avais échoué, j’étais sûr que Bill, en tant que critique et l’un de mes pairs, aurait tiré le meilleur parti d’une mauvaise performance. Il s’est avéré que l’atterrissage avait été un bon atterrissage et que Bill l’avait admis depuis le siège arrière. Après avoir appris son décès, j’ai repris mon journal de bord et j’ai immédiatement entré son nom à l’endroit approprié et j’ai enregistré la date de son accident mortel.
Le père de Bill était colonel d’aviation dans la RAF et la famille était de bons amis avec le maréchal de l’air Breadner, CAS, ARC. (Peut-être s’étaient-ils entraînés ensemble en Angleterre?) Le jour de la Remise des ailes, 13 pilotes de notre cours ont reçu leur brevet mais Bill n’a pas été l’un d’eux. Nous nous sommes séparés là-bas et il a été affecté à l’École de reconnaissance générale (RG) à Charlottetown, tandis que je me suis retrouvé à l’École des instructeurs de vol (SIF) à Arnprior. Je n’ai plus jamais entendu parler de lui après notre départ de Calgary et je me suis souvent demandé ce qu’il était devenu ainsi que des nombreux autres qui avaient gagné leurs ailes ce jour-là. C’était très bouleversant et triste d’apprendre après 58 ans qu’il avait fait son dernier « décollage».
Bill Livock avait été membre de l’escadron 248 faisant partie de la Force de frappe de Banff qui était dans le feu de l’action dans les fjords norvégiens; Ces attaques étaient semées d’embûches et très risquées. Il y avait beaucoup d’escadrons impliqués en plus de ceux de la RAF. Ils provenaient de la RAF, de l’ARC et d’autres équipages du Commonwealth, plus la participation des Norvégiens. Ils opéraient toute l’année contre des sous-marins allemands et des navires sur l’impitoyable Mer du Nord et la côte norvégienne. Leurs efforts ont entraîné la destruction de plus de 300 000 tonnes de navires et ont accéléré la fin de la guerre. Ces missions ont toujours été en territoire dangereux et les escadrons impliqués ont subi de lourdes pertes. En fait, entre septembre 1944 et mai 1945, 94 membres d’équipage y ont perdu la vie. Il y a eu deux jours particuliers où les pertes ont été lourdes. Le 15 janvier 1945, les escadrons de Mosquito perdaient six avions, et le 9 février 1945, les escadrons de Beaufighters subissaient la perte de 9 avions. Cette dernière date s’appelle encore le «Black Friday».
Après réflexion, il semble ironique et cruel que Bill ait survécu à tous les dangers de ces missions dangereuses et se soit retrouvé victime d’un accident d’avion près de sa base. Toute la saga des opérations de la force aérienne de Banff m’est d’intérêt personnel et a un effet sur moi, car je suis né à Banff et j’y ai passé les 6 premières années de ma vie. Il n’est donc pas surprenant que je m’intéresse vivement aux activités de guerre qui ont eu lieu dans mon pays natal.
J’ai toujours éprouvé beaucoup de plaisir et de surprise de découvrir tous les commentaires et rétroactions que je reçois. Cependant, il faut être prêt à accepter autant le mal que le bien. C’est ce qui s’est passé ici. Naturellement, j’ai apprécié d’apprendre la mort de Bill, mais en même temps, j’ai pensé que cette nouvelle n’était pas bienvenue. Malgré tout cela, c’était le chaînon manquant qui a résolu le mystère d’une grande amitié qui a commencé dans les Prairies il y a 60 ans.
Archie Pennie
L’Observair, Volume 40, No. 5, May 2003